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Si vous prenez mon titre au pied de la lettre, voici les deux personnages dont je devrais vous parler essentiellement au cours de ma visite : Jules César (100 av. J.-C. - 44 av. J.-C) et Caïus Marius (157 av. J.-C. - 86 av. J.-C) .En ce qui concerne Jules César, c'est bien normal de l'évoquer car il a bien (ou plutôt mal) connu Marseille. La cité phocéenne ne voulant pas prendre parti pour lui contre Pompée (guerre civile romaine), il nous a imposé un long siège qui s'est soldé par notre reddition. Quant à Caïus Marius, est-il venu à Marseille, nul ne le sait. En revanche, tout Provençal sait que Marius arrêta les barbares Cimbres et Teutons sous la montagne Sainte-Victoire qui porterait d'ailleurs ce nom en souvenir de cette bataille (ce qui est probablement faux)... Oubliés pendant des siècles, les prénoms romains sont revenus en force à la Révolution Française comme une rupture avec les prénoms de l'Ancien Régime. On va trouver des Brutus, des Cécilia, des César, des Aggripa, des Titus, des Antonia et des Marius. A noter que ce dernier prénom a été souvent utilisé comme le masculin de Marie afin d'afficher de manière habile sa dévotion à la Vierge !
Le RV pour le départ de cette visite se fait sous l'ombrière du Vieux-Port, sur le quai de la Fraternité. Et nous commencerons avec l'évocation de l'auteur de la Trilogie Marseillaise, Marcel Pagnol qui, dans la préface de Marius, a exprimé de manière très émouvante son amour pour Marseille : "je ne savais pas que j'aimais Marseille !..." Marius créé au Théâtre de Paris, rue Blanche à Paris le 9 mars 1929 avec 800 représentations à guichet fermé.
Nous nous rendrons alors à quelques mètres de là, au Palais de la Bourse, siège de la Chambre de Commerce de Marseille dont le Président Jacques Pfister est le grand ordonnateur de la manifestation Marseille 2013 Capitale Européenne de la Culture. D'ailleurs, pour l'occasion, le Palais de la Bourse a été enveloppé d'un spectaculaire trompe l'œil géant.
C'est dans le grand hall du palais, qui abrite en ce moment une magnifique exposition d'affiches ancienne, que nous évoquerons Marseille du temps où elle était surnommée Porte de l'Orient et quand les destinations maritimes qu'elle desservait (gravées en médaillons tout autour du hall - la Malaisie par exemple) faisaient rêver le fils du patron du Bar de la Marine.
A l'entrée du Palais de la Bourse nous ne manquerons pas de faire une halte devant une Turcat-Mery de 1927, voiture construite à Marseille et qui fut la première automobile achetée par l'immense acteur qu'était Jules Raimu, créateur du rôle de César alors que Marcel Pagnol voulait lui faire endosser celui de Panisse. Nos pas nous mèneront alors vers l'église Saint-Charles dont les fonds baptismaux ont accueilli un candidat que l'on pourrait qualifier de clandestin : le petit Marcel Pagnol baptisé par sa mère en cachette de Joseph le père instituteur anticlérical intransigeant ! Le fait y est rappelé par un écriteau placé à côté de la cuve baptismale.
Sur le parvis de l'Opéra Municipal (notez les initiales !!!), nous évoquerons la passion pour l'art lyrique des deux inséparables amis (et qui le sont restés toute leur vie) Albert Cohen et Marcel Pagnol. Ce dernier avait reçu en "salaire" de ses premiers articles journalistiques, une carte d'entrée gratuite permanente et valable pour deux personnes à l'Opéra de Marseille. Il aimait particulièrement Puccini dont Manon Lescaut, (tiens ! une Manon !) et il a dit avoir entendu Tosca plus de 50 fois. A propos de Manon Lescaut, Marcel Pagnol a eu l’idée qu’il n’a pas concrétisé d’écrire les mémoires de Manon Lescaut sous forme d’une réponse à l’abbé Prévost. Selon lui, le cher abbé n’avait rien compris à ce qui s’était passé entre Manon et le beau chevalier des Grieux.
A deux pas de l'Opéra, sur le cours jean Ballard le bien nommé, nous commenterons la plaque commémorative placée sur l'immeuble où Jean Ballard donc et Marcel Pagnol ont créé Fortunio, revue littéraire qui deviendra l'emblématique "Les Cahiers du Sud". Nous prendrons alors la direction du cours d'Estienne d'Orves autrefois le quartier des journalistes au temps où le Provençal et le Méridional avaient leurs rédactions et même leurs imprimeries dans le quartier. Seul subsiste aujourd'hui La Marseillaise qui a succédé au Petit Marseillais. Ce sera l'occasion de dire quelques mots du traitement de Marcel Pagnol par la presse. En effet, on n'imagine pas comment à l'époque il fut férocement critiqué. A tel point qu'un jour, pour se venger d'un article du Petit Provençal, son frère Paul arracha la rampe d'escalier de l'immeuble du journal...
Passant devant un commerce d'accastillage à côté du lieu où avait été implantée la vitrine de la voilerie de Maître Panisse dans César, nous ne manquerons pas d'évoquer la carrière de cet emblématique acteur de la troupe de Marcel Pagnol, Fernand Charpin. Devant la façade qui fut donc magasin de Panisse se dresse le buste de Vincent Scotto par Arbus. Lors de l'inauguration, lorsqu'on enleva le voile noir qui cachait la statue, un hooo ! de réprobation sortit spontanément du groupe de personnes assistant à cette inauguration. Nous évoquerons la grande amitié entre Marcel Pagnol et Vincent Scotto qui composera la musique de la plupart de ses films et jouera même le rôle titre du film Jofroy.
Disons-le tout de suite, l'actuel "Bar de la Marine" n'existait pas du temps de la Trilogie. Dans les trois films, la façade du bar a changé de rive et toutes les scènes intérieures ont été tournées en studio. Qu'importe, le café est décoré en hommage à Marius et César. Et puis nous nous posterons sur l'embarcadère du fameux Ferry-Boat où le César, le bien-nommé, nous proposera la plus courte traversée maritime au monde (283 mètres) !!! Quant au nouveau qui assure la ligne Quai de la Fraternité - MUCEM, il a bien changé depuis le temps du capitaine Escartefigue puisqu'il fonctionne à l'énergie solaire et n'a plus besoin de Maupi, irremplaçable mécano du navire.
Et pour ceux qui voudront bien faire encore quelques pas, nous irons au bout du quai de Rive-Neuve au quai Marcel Pagnol (et oui ! on a quand même donné son nom à deux lieux à Marseille, l'autre étant l'allée Marcel Pagnol dans le 8e ardt.). Quel Marseillais sait où se trouve ce quai ? On pourrait penser trouver là un monument à la gloire de cet immense créateur ! he bien non ! c'est un monument dédié aux fondateurs phocéens de la cité offert par la Grèce et composé de quatre blocs (40 tonnes) rappelant les crénelures de colonnes de temples en marbre du Pentélique. Sans doute a-t-on donné le nom de l'auteur emblématique à cause de l'ancien pont transbordeur qui partait de ce quai pour traverser le Vieux-Port. C'est d'ailleurs la première image du film "Marius" ce même transbordeur abattu par l'occupant en 1944. Alors en hommage respectueux, nous sortirons un jeu de cartes et nous entamerons une partie de Manille sur la table de marbre du monument de Gyptis et protis !
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