Et maintenant le polar : "On a volé les chaînes du Port" éditions MELMAC, 14,23 € Sortie : novembre 2023

Le 26 novembre 1423, Marseille, ou ce qu’il en restait, comptait ses morts et faisait le bilan du pillage perpétré par les Aragonais-Catalans. Ces derniers qui venaient de se prendre une raclée devant Naples rentraient chez eux la queue basse quand, voguant devant Marseille désertée par ses marins et soldats justement partis vers les eaux italiennes participer au combat, ils décident de se venger sur la ville sans défense. Ils débarquent secrètement aux Catalans (une autre hypothèse existe pour l’origine du nom) et mettent la ville à sac, à feu et à sang pendant deux jours. Les Aixois venus en renfort arriveront trop tard (merci quand même - il y a un tableau dans la salle des Etats de Provence à Aix qui rappele cet épisode et le comique de situation causé par le fait que le drapeau aixois était identique à celui des Catalans).

Outre les archives de la ville, les objets précieux civils et religieux, l’or et la monnaie et les réserves alimentaires, les pillards ont emporté avec eux et déposé dans la cathédrale de Valence (Valencia) les reliques de saint Louis d’Anjou et les chaînes qui barraient l’entrée du port de Marseille. Ces chaines que l’on peut voir encore aujourd’hui narguer le touriste marseillais sur les murs de la chapelle du Saint-Sépulcre.

Récemment un auditeur de France Bleu m’a envoyé une photo de ce qui semble être le crochet d’attache des chaines, encore visible aujourd’hui. Puis nous irons à l’église Saint-Férréol voir le reliquaire de Saint-Louis d’Anjou (vide car les vertèbres que nous avait "offert" l'évêque de Valencia ont été volées).

Un détail supplémentaire fourni par cet auditeur : "il y a peu de temps, me promenant jusqu'au coin du Fort St Jean pour constater que le crochet y était toujours; un surveillant près de l'Algeco m'interpelle! Après lui avoir expliqué le but de ma curiosité, il me répond d'emblée "Bien sûr c'était le crochet qui retenait la chaîne" (Réponse moult fois entendue sans preuve) et il rajoute: C'est une ancre entière, la Sarde, noyée dans la maçonnerie du quai, la partie visible que l'on prend pour un crochet est en fait le jas de cette ancre. Voir croquis plus bas. Je lui demande comment il sait cela? Il me dit qu'il a assisté à des travaux de restauration de ce bout de quai à l'époque de Malraux, et que l'ancre était apparue en son entier. Avant que tout soit remis en place dans l'état actuel. Je ne sais pas quel crédit accorder aux dires de cette personne qui ne semble pas être, à première vue, un spécialiste? Mais... l'habit ne fait pas le moine.

Nous ne lancerons pas une pétition pour que les Valenciens nous rendent les chaines car nous pensons qu’il y a d’autres sujets plus importants qui mériteraient une pétition mais nous rédigerons un message à l’attention de leur mairesse qui a moyennement apprécié la phrase de Jean-Claude Gaudin quand Valence a remporté l’America’s Cup à nos dépends : « nous demanderons à Madame le Maire de Valence de bien vouloir nous rendre nos chaines ». À quoi elle aurait répondu : « avec plaisir quand l’Etat français nous aura rendu tout ce que Napoléon-Bonaparte nous a volé … »

Les chaines du Port de Marseille enlevées
par les Aragonais-Catalans en 1423,
un sujet traité par ARTE avec votre serviteur
mais malheureusement le film n'est plus disponible en replay